Passoire énergétique et pont thermique : Tout ce qu’il faut retenir
La guerre est déclarée aux logements très coûteux en énergie et surnommés passoires énergétiques (appelées aussi passoires thermiques) .
La « loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets » vise les habitations les plus énergivores portant les étiquettes DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) F et G. Ses mesures concernent les propriétaires et indirectement les locataires.
Passoire thermique - Définition
L’expression « passoire thermique » est suffisamment imagée pour qu’on la comprenne aisément. Elle suggère que l’énergie produite au sein du logement pour le chauffer s’en échappe par diverses failles correspondant aux trous de la passoire.
A contrario, la chaleur excessive et le froid régnant à l’extérieur n’ont aucun mal à pénétrer dans le logement, en utilisant les mêmes canaux. Les passoires énergétiques entravent la transition énergétique visant à réduire notre empreinte carbone et nos émissions de gaz à effet de serre.
Pourquoi les passoires énergétiques sont-elles préjudiciables pour les Français ?
1- Perte du confort et de la santé des occupants du logement
Un logement mal isolé implique le passage de courants d’air et d’humidité en hiver, ainsi qu’une chaleur difficilement supportable durant la saison chaude. Il est difficile de chauffer une passoire énergétique, car la chaleur passe au travers des failles. Dans certains cas, il est impossible de maintenir une température satisfaisante, même en poussant le chauffage à son maximum. Vivre dans un logement trop froid et exposé aux courants d’air multiplie les maladies hivernales.
Les problèmes d’isolation engendrent de l’humidité, particulièrement préjudiciable à la santé. L’humidité accélère la création de mousses et de moisissures. Celles-ci libèrent des spores dans l’atmosphère qui pénètrent dans les poumons, provoquant des maladies respiratoires, dont des allergies qui peuvent se muer en maladies chroniques, comme l’asthme. Par ailleurs, les moisissures au contact des produits alimentaires peuvent provoquer des intoxications.
Durant l’été, vivre dans une passoire thermique équivaut à vivre dans une étuve. L’impression est désagréable en permanence, y compris la nuit pendant laquelle il devient difficile de dormir.
Enfin, un logement mal isolé vieillit prématurément. Les tissus empreints d’humidité moisissent, tandis que les revêtements des sols, murs et plafonds se délabrent rapidement.
2- Le coût exorbitant des passoires énergétiques
La passoire thermique vous oblige à pousser le chauffage à son maximum, sans pour autant que la température croisse de façon satisfaisante. En revanche, l’augmentation de vos factures est, elle, bien manifeste. Étant donné le coût démesuré aujourd’hui de l’énergie, les proportions atteintes par rapport à votre budget général atteignent des proportions inacceptables.
3- Les retombées délétères des passoires énergétiques
L’environnement pâtit considérablement des déperditions des passoires énergétiques. D’une part elles poussent à une consommation effrénée de matières premières pour produire le chauffage ; d’autre part, les gaz à effet serre et autres émission délétères produites par les appareils de chauffage sont rejetées dans l’atmosphère, sans avoir servi à rien.
Quelles sont les nouvelles règles pour les passoires énergétiques
Des lois ont été édictées dans le cadre la loi Climat et Résilience votée en 2021 pour réduire le nombre de passoires énergétiques et à terme les faire disparaître.
Voir notre article consacré à la réglementation des passoires thermiques en 2023.
L’audit énergétique obligatoire pour les logements F ou G (notes DPE) considérés passoires énergétiques
À partir de septembre 2022, les propriétaires de logements considérés comme des passoires thermiques, notées F ou G, seront dans l’obligation de présenter à leur acquéreur potentiel les conclusions d’un audit énergétique.
Pour l’instant, cette contrainte ne concerne que les maisons individuelles en monopropriété et non les logements en copropriété.
Cet audit établit le bilan énergétique du logement. Il est assorti de deux scénarios de travaux, pouvant se dérouler en une ou plusieurs phases.
La vente peut s’effectuer sans que les travaux soient réalisés, mais le propriétaire est tenu d’avertir l’acquéreur des futurs aménagements à effectuer.
L’interdiction de location des passoires énergétiques
Les logements les plus gourmands en énergie vont être progressivement éradiqués du marché locatif. Le calendrier fixe deux échéances :
Dès 2025, les logements classés G ne pourront plus être loués ;
- À partir de 2028, ce sera au tour des logements classés F de ne plus pouvoir être proposés à la location. Ceci implique une mise en conformité urgente pour les propriétaires bailleurs.
- Dans le cas contraire, des sanctions plus ou moins contraignantes seront appliquées : obligation de mise en conformité, réduction de loyer ou dommages et intérêts à verser au locataire.
Traiter les déperditions thermiques par l’audit énergétique.

Les sources des déperditions thermiques (Copyright EDF)
Une déperdition thermique est la quantité de chaleur qui s’échappe d’un bâtiment ou d’un système de chauffage. Elle peut être causée par des fuites dans l’isolation, les fenêtres et les portes, ou par la respiration, la cuisine et l’utilisation de l’eau chaude dans un bâtiment. La déperdition thermique peut entraîner une hausse de la facture de chauffage et contribuer à l’effet de serre en augmentant les émissions de gaz à effet de serre. Il est important de minimiser les déperditions thermiques pour améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et réduire l’impact environnemental.
La meilleure solution pour traiter les déperditions thermiques consiste à réaliser un audit énergétique. Effectué par un professionnel reconnu par l’État, il vous indique les meilleures pistes pouvant améliorer la performance énergétique de votre logement et en évalue les coûts.
Les pistes sont toujours multiples et l’audit énergétique présente l’avantage de prioriser les travaux les plus efficaces pour gagner en confort et réduire vos factures énergétiques.
L’audit énergétique propose des travaux spécifiques et précise s’ils sont éligibles aux primes versées par l’État.
En effet, les travaux de rénovation des passoires énergétiques sont en partie financés par des subventions. Voici la liste non
exhaustive des aménagements qui peuvent y prétendre.
Isolation thermique des murs par l’intérieur (ITI) et par l’extérieur (ITE)
L’isolation thermique des murs par l’intérieur est une solution efficace pour améliorer la performance énergétique de votre maison. Elle consiste à installer des matériaux isolants entre les murs et l’intérieur de la maison, afin de limiter les déperditions de chaleur.
Il est important de prendre en compte l’isolation des différentes parties de la maison, telles que le plancher, la toiture, les combles et les murs. En effet, ces éléments ont tous un rôle important dans la régulation de la température de votre maison.
Pour l’isolation des murs, il est possible d’utiliser des matériaux tels que la laine de roche, la laine de verre ou encore le polystyrène expansé. Ces matériaux ont tous des propriétés isolantes différentes, il est donc important de bien les choisir en fonction de vos besoins et de votre budget.
Il est également important de bien isoler les fenêtres et les portes, ainsi que les portes-fenêtres. Ces éléments sont souvent des points faibles dans l’isolation de la maison, car ils permettent souvent aux courants d’air de passer. Il est donc essentiel de les équiper de joints d’étanchéité et d’installer des volets roulants ou des stores pour limiter les déperditions de chaleur.
En résumé, l’isolation thermique des murs par l’intérieur est un moyen efficace pour améliorer la performance énergétique de votre maison. Il est important de prendre en compte l’isolation de toutes les parties de la maison, ainsi que les fenêtres et les portes, pour éviter les déperditions de chaleur. En utilisant des matériaux isolants adaptés à vos besoins, vous pourrez réaliser des économies d’énergie considérables et améliorer votre confort de vie.
Chauffage et ventilation
Le chauffage et la ventilation sont des éléments clés pour garantir un confort optimal dans une maison. Il existe plusieurs types de systèmes de chauffage, chacun ayant ses propres avantages et inconvénients.
- L’une des options les plus écologiques et économiques est la chaudière biomasse individuelle, qui utilise des matières organiques comme le bois pour produire de la chaleur.
- Le chauffage au bois est également une solution efficace, notamment pour les maisons en dehors des zones urbaines ou pour les personnes souhaitant réduire leur empreinte carbone.
- Pour un confort optimal, il est recommandé d’utiliser des radiateurs à chaleur douce, qui diffusent une chaleur homogène dans toutes les pièces.
- Le ballon thermodynamique est également une option intéressante, car il permet de stocker l’énergie produite par la chaudière et de la redistribuer au besoin.
- Une chaudière économique peut être une excellente option, car elle permet une efficacité énergétique en fonctionnant à des températures plus basses.
- Pour un temps étouffant, un climatiseur à haute performance est suggéré afin de garder la maison confortable.
- Le chauffage par le sol hydraulique à basse température est une autre alternative, qui permet de diffuser également la chaleur dans tout le logement.
- Pour réaliser un système de chauffage central efficace, des radiateurs à basse température sont recommandés afin d’offrir une atmosphère agréable à toute la maison.
Energies renouvelables
Les énergies renouvelables sont de plus en plus présentes dans notre quotidien. Elles permettent de réduire notre consommation d’énergie et notre empreinte carbone.
- Parmi les différentes options disponibles, les pompes à chaleur sont des solutions écologiques et économiques pour chauffer et rafraîchir un logement. Il en existe différents types, comme les pompes à chaleur air-air, les pompes à chaleur air-eau, et les pompes à chaleur géothermique.
- La pompe à chaleur air-air permet de récupérer les calories présentes dans l’air extérieur pour les utiliser pour chauffer un logement. Elle est idéale pour les régions aux hivers doux.
- La pompe à chaleur air-eau, quant à elle, permet de récupérer les calories de l’air extérieur pour les transférer dans un circuit d’eau qui alimente les radiateurs du logement. Elle est plus adaptée aux régions à hivers plus rigoureux.
- La pompe à chaleur géothermique, enfin, utilise l’énergie thermique des eaux souterraines ou des rivières pour chauffer un logement.
- Pour produire de l’eau chaude sanitaire, il est possible d’utiliser un chauffe-eau solaire individuel. Ce système est composé de panneaux solaires qui captent les rayons du soleil pour les transformer en chaleur, qui est ensuite utilisée pour produire de l’eau chaude.
- Il est également possible d’utiliser un système solaire combiné qui permet à la fois de produire de l’eau chaude sanitaire et de chauffer un logement.
- Il est possible de combiner plusieurs sources d’énergie renouvelables, comme une pompe à chaleur hybride qui utilise à la fois l’énergie solaire et l’énergie géothermique.
- Enfin, il est possible de raccorder un bâtiment résidentiel à un réseau de chaleur, qui permet de récupérer de la chaleur produite par une source d’énergie renouvelable (comme une centrale de biomasse) pour la redistribuer aux logements raccordés. Cette solution permet de réduire les coûts de chauffage et de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Les ponts thermiques comme source de déperditions énergétiques.
Environ 5 à 10 % de la chaleur d’une résidence est perdue à cause des ponts thermiques, qui sont plus difficiles à traiter et identifier.
Un pont thermique est une zone de l’enveloppe d’un bâtiment où la conductivité thermique est plus importante qu’ailleurs, ce qui peut entraîner une déperdition de chaleur plus importante. Il existe 2 principaux types de ponts thermiques.
1/ Les ponts thermiques intégrés
Des ponts thermiques sont généralement générés dans une paroi lorsque des éléments à forte conduction thermique comme le comme le bois ou le béton . Par exemple un rail ou un support métallique, sont impliqués.
Dans certains cas, ces ponts peuvent également se former en raison d’une installation ou d’un assemblage incorrect qui donne lieu à un espace entre les éléments isolants. Il est important de tenir compte de ces ponts thermiques car ils peuvent entraîner une augmentation importante des déperditions de la paroi, voire leur doublement !
2/ Les ponts thermiques linéiques
Les ponts thermiques sont régulièrement découverts aux jonctions entre deux parois, généralement entre une dalle de plancher et un mur, près des cadres de fenêtres ou des balcons. La chaleur qui s’échappe en raison du manque d’isolation entraîne un flux de chaleur de la pièce chauffée vers l’extérieur ou une zone non chauffée. C’est ce que l’on appelle un pont thermique linéaire. Cette valeur Ψ (psi) est mesurée en W / (m.K), et elle peut aller de 0 (pas de pont thermique) à 1,5.
Il est important de prendre en compte ces différents types de ponts thermiques lors de la conception ou de la rénovation d’un bâtiment, afin de minimiser les pertes de chaleur et améliorer l’efficacité énergétique.
Les ponts thermiques peuvent avoir un impact important sur l’efficacité énergétique d’une habitation et sur le confort des personnes qui y vivent. Voici quelques effets courants des ponts thermiques sur une habitation :
- Hausse de la déperdition thermique : Les ponts thermiques peuvent entraîner une hausse de la déperdition de chaleur dans un bâtiment, ce qui peut augmenter les coûts de chauffage et réduire l’efficacité énergétique de l’habitation.
- Gaspillage d’énergie : Si une habitation est mal isolée ou si elle a de nombreux ponts thermiques, elle peut gaspiller de l’énergie en utilisant plus de chauffage pour maintenir une température confortable.
- Inconfort : Les ponts thermiques peuvent entraîner des variations de température dans une habitation, ce qui peut être désagréable pour les personnes qui y vivent.
Quelle est la procédure d’inspection pour identifier les ponts thermiques ?
Il y a plusieurs façons d’identifier les ponts thermiques dans une habitation. Voici quelques méthodes courantes :
- Inspection visuelle : Une inspection visuelle de l’intérieur et de l’extérieur de votre maison peut vous aider à repérer les ponts thermiques potentiels. Regardez les endroits où différents matériaux de construction se rencontrent, comme les fenêtres et les murs, ou les endroits où des tuyaux de chauffage ou des câbles électriques traversent les murs.
- Utilisation d’un détecteur de fuites de chaleur : Un détecteur de fuites de chaleur est un appareil qui peut être utilisé pour repérer les zones où il y a une déperdition de chaleur accrue dans une maison. Ces appareils sont souvent utilisés par les professionnels de l’efficacité énergétique pour trouver les ponts thermiques dans les bâtiments.
- Utilisation d’une caméra thermique : Une caméra thermique est un appareil qui permet de visualiser la chaleur d’un objet ou d’une surface. Elle peut être utilisée pour pour prendre des photos des variations de température et repérer les ponts thermiques en repérant les endroits où il y a une déperdition de chaleur accrue. Il est recommandé de faire appel à un professionnel pour évaluer les besoins et recommander les solutions les plus adaptées.
Quelles sont les solutions pour éliminer les ponts thermiques ?
Il est important de minimiser les ponts thermiques dans un bâtiment ou un système de chauffage pour améliorer l’efficacité énergétique et réduire les coûts de chauffage. Cela peut être fait en utilisant des matériaux de construction à faible conductivité thermique et en veillant à ce que tous les éléments de construction soient correctement isolés. Voici plusieurs façons de lutter contre le pont thermique et de résoudre ce problème d’isolation.
1 – Isolation des ponts thermiques :
L’isolation thermique est une solution efficace pour remédier aux déperditions de chaleur ou de froid d’une maison. Elle consiste à poser des matériaux isolants sur les parois de l’enveloppe du bâtiment afin de limiter la transmission de la chaleur ou du froid et donc “couper” le pont thermique. Cela peut être du polystyrène, de la laine de verre, de la laine de roche, de la mousse de polyuréthane, etc.
2 – Mise en place de matériaux à haute inertie thermique :
Les matériaux à haute inertie thermique ont la capacité de stocker la chaleur et de la restituer progressivement. Ils sont donc particulièrement adaptés aux ponts thermiques.
3 – Protection solaire pour se protéger des ponts thermique:
Il est possible d’installer des stores, des volets, des rideaux, etc. qui permettent de protéger les ponts thermiques de l’exposition directe aux rayons solaires.
4 – Une ventilation adéquate pour limiter l’apparition de ponts thermiques :
Mettre en place un dispositif de ventilation permet de limiter l’apparition de ponts thermiques en évitant l’accumulation d’humidité et en régulant la température.
5 – Faire appel à un professionnel pour réaliser un bilan énergétique:
Si vous souhaitez effectuer des travaux d’isolation, le meilleur moyen et le plus fiable est de faire appel à un professionnel pour réaliser un bilan thermique. De plus, si vous engagez un spécialiste RGE pour vos travaux d’isolation, vous pouvez bénéficier de réductions qui réduiront les dépenses.
Rupteurs de pont thermique : la nouvelle solution

Rupteur de pont thermique : jonction plancher bas mur extérieur